Petite Messe Solennelle

Petite-Messe-Solennelle Affiche

« Cher Dieu, voici cette pauvre petite Messe. Est-ce de la musique sacrĂ©e ou une sacrĂ©e musique ? Je suis fait pour l’opĂ©ra-bouffe, comme Tu le sais bien. Un peu d’adresse, un peu de coeur, c’est tout. Sois louĂ© et permets-moi d’aller au paradis. G. Rossini. Passy 1863 ».

Aspirant suivre les dĂ©sirs du plus français des compositeurs italiens du XIXème siècle, qui a presque monopolisĂ© pendant des dĂ©cennies les salles parisiennes dĂ©diĂ©es Ă  l’opĂ©ra, Musica Mediante souhaiterait prĂ©senter une interprĂ©tation la plus fidèle possible de la « richesse simplissime » de cette oeuvre de la fin de sa vie.

MĂ©lange de styles (Palestrina, Bach, opĂ©ra rossinien), rĂ©duction au strict minimum de l’instrumentation, profondeur expressive, dĂ©ferlement ironique, accablement sĂ©rieux, rire moqueur au coin de l’oeil, multiples diversitĂ©s mais contrĂ´le des formes et Ă©quilibre de la structure, lĂ©gèretĂ© des mĂ©lodies, joyeuse lumière du style « scolaire » de la musique d’Ă©glise : tout cela, et encore plus, font de cette pièce un des hĂ©ritages les plus extravagants en matière musicale.

Après plus de trente ans d’un dĂ©sert crĂ©atif, le gĂ©nie rossinien se rĂ©veille Ă  71 ans dans une pointe cyclothymique telle une mandragore dĂ©ployant son feuillage et montrant ses racines dans une mixture de savants dosages et de luxuriante expression.

Finalement, le choix de l’accordĂ©on (le piano du pauvre) vient appuyer la citation de Rossini, et nous rappeler que la belle musique est aussi le souffle fait instrument.

Pablo Pavon

 

Le concert a Ă©tĂ© jouĂ© le 19 avril 2014, Ă  l’OpĂ©ra de Clermont-Ferrand


Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand
Samedi 19 avril 2014 – 20H
Petite Messe Solennelle
Gioacchino Rossini
Pour solistes, choeur, piano et accordéon
Catherine Manandaza soprano
Catherine Cardin mezzo
Patrick Garayt ténor
Patrick Vilet baryton
Choeur Musica Mediante
Sabrina Barthe, piano
Félicien Brut, accordéon
Pablo Pavon, direction musicale


GIOACCHINO ROSSINI 1792 – 1868

Gioacchino RossiniNé en 1792, en Italie du Nord, Rossini vécut dans une époque troublée, marquée notamment par les révolutions de 1830 et 1848. Accompagnant les tournées et la vie errante de ses parents dans une ambiance d’opéras forains, entre une mère chanteuse et un père corniste, par ailleurs fervent républicain et donc persécuté par le pouvoir autrichien, le jeune Gioacchino ne reçut pas d’éducation musicale très approfondie. Mais, très doué pour le chant et la musique, il sait vite jouer du violon et compose à 12 ans Six sonates pour instruments à cordes, témoignant d’une maturité musicale très précoce. A 14 ans, il réalise son premier opéra. Une fois terminées ses années d’apprentissage musical au lycée de Bologne, et pour nourrir sa famille, le jeune Rossini part à la conquête de son public en donnant la priorité à la composition d’opéras, comiques (opéras-bouffas) ou « sérieux ».

De 1810 à 1815, il conquiert le public de l’Italie du Nord (Venise, Bologne, Milan), tout en imposant, non sans mal, face au culte traditionnel de la pure virtuosité vocale des chanteurs, le souci d’une orchestration riche, inspirée des oeuvres de Mozart et de Haydn, par exemple dans Tancrède et L’Italienne à Alger. Le jeune maestro s’installe ensuite à Naples (1815-1821) d’où il va gagner l’enthousiasme du public de Rome et de l’Italie du Sud, grâce notamment au Barbier de Séville et à La Cenerentola, qui après une première représentation mal accueillie, conquièrent un vaste public.

C’est ensuite l’Europe qui le réclame et le fête (1822-1830). Il est invité à Vienne, où il rencontre le vieux Beethoven, à Londres et surtout à Paris où il décide de vivre, et où il prend la direction du Théâtre Italien Partout le public, mais aussi les cours royales manifestent un engouement enthousiaste à son égard. En France, toujours très opportuniste sur le plan politique, il célèbre le sacre du roi Charles X, dans son opéra Le voyage à Reims, tout en négociant âprement en 1829 une rente à vie, qu’il n’obtient qu’en menaçant de ne pas achever son 40ème opéra Guillaume Tell ! Ainsi lié à Charles X, il « tombe » avec lui un an plus tard : c’est la révolution de 1830, qui le renvoie en Italie. C’est un tournant capital dans sa vie : à 38 ans, il décide de prendre une sorte de retraite anticipée : il n’écrira plus d’opéra. Est-ce là l’effet de sa légendaire « paresse » ou de l’hostilité d’une partie du public parisien ou bien le sentiment d’avoir atteint l’apogée de son art ? Mais cela ne l’empêche pas de composer encore des oeuvres vocales, instrumentales ou religieuses, notamment le célèbre Stabat Mater (1831-1842).

Cette retraite est troublée par les Révolutions de 1848 : il est chassé de Bologne, pour sa collusion avec les monarchies d’Autriche et de France. C’est finalement à Passy, près Paris qu’il revient en 1855, et vit entre tendances dépressives et goûts épicuriens, la dernière partie de sa vie. Elle fut riche en fêtes et en rencontres, notamment avec Wagner et Verdi, mais aussi en compositions variées notamment ses Péchés de ma vieillesse » oeuvres instrumentales et vocales, et sa Petite Messe solennelle. Sa mort, en 1868, provoque un évènement musical, car c’est pour honorer sa mémoire que Verdi lance la composition de ce qui deviendra son célèbre Requiem.

B. Dumoulin


LA PETITE MESSE SOLENNELLE

Rossini a composé cette oeuvre singulière pour quatre solistes, choeur mixte, piano et harmonium, dans les dernières années de sa vie, en 1863, à Passy près de Paris, où il était installé depuis une dizaine d’années. A la fois puissante et douce, la petite messe est remarquable, tant le compositeur réussit à se saisir d’un genre dont il s’approprie les codes pour rédiger une oeuvre profonde et brillante. On y trouve des inspirations d’origines diverses, venues de Palestrina et de Bach, mais aussi de Chopin et Berlioz qu’il découvre à Paris, tout en gardant les traces de l’opéra italien et du Bel Canto.

Mais cette oeuvre qu’il qualifie ironiquement de « petite » – elle dure quand mĂŞme plus d’une heure – et qu’il a voulu modeste dans cette version d’origine, puisque sans orchestre, (Rossini en fit toutefois en 1867 une version orchestrale) est en fait un vĂ©ritable testament musical. Par-delĂ  le respect de la tradition de musique sacrĂ©e, avec les diverses parties traditionnelles du Kyrie Ă  l’Agnus Dei, s’affirme une audace inventive tournĂ©e vers la modernitĂ© par des harmonies et des rythmes novateurs, ce qui peut expliquer l’accueil mitigĂ© qu’à sa crĂ©ation reçut cette oeuvre, qui d’ailleurs ne fut donnĂ©e qu’une fois du vivant du compositeur.

En achevant cette composition, il rédigeait cette dédicace malicieusement adressée à Dieu : « Bon Dieu, la voilà terminée cette pauvre petite messe ! Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire ou de la sacrée musique ? J’étais né pour l’opéra-bouffa, tu le sais bien ! Un peu de science, un peu de coeur, tout est là. Sois donc béni et accorde moi le Paradis ». Il n’est pas sans intérêt de lire aussi le texte pittoresque écrit de la main de Rossini pour décrire « sa messe » dans sa version initiale : « Douze chanteurs de trois sexes : hommes, femmes et castrats, seront suffisants pour son exécution, savoir huit pour les choeurs, quatre pour les solos; total douze chérubins. Bon Dieu, pardonne-moi le rapprochement suivant, douze aussi sont les apôtres dans le célèbre coup de mâchoire peint à fresque par Léonard dit La Cène, qui le croirait ? Il y a parmi les disciples ceux qui prennent de fausses notes ! Seigneur, rassure toi, j’affirme qu’il n’y aura pas de Judas à mon déjeuner et que les miens chanteront juste « con amore » tes louanges et cette petite composition, qui est hélas, le dernier péché mortel de ma vieillesse».

B.Dumoulin

 


Les interprètes solistes

Sabrina BartheSABRINA BARTHE – piano – Pratiquement autodidacte, Sabrina Barthe commence le piano Ă  l’âge de 4 ans Ă  l’Ă©coute de la discothèque familiale. Ce n’est que vers 15 ans qu’elle profite de l’enseignement de quelques grands solistes comme Cetrak, Eugène Indjic ou Jean-Jacques Kantorow pour la musique de chambre lors de masterclass. En Auvergne depuis 25 ans, oĂą elle enseigne le piano au CRD de Thiers, elle donne de nombreux concerts de musique de chambre dans diverses formations, allant de la sonate au sextuor, des duos avec chanteurs, en rĂ©cital et avec orchestre, notamment dans les concertos de Schumann, Beethoven Ravel ou Mozart. Elle est invitĂ©e dans de nombreux festivals et pratique Ă©galement le clavecin en orchestre ou en petites formations.

Son rĂ©pertoire va du XVIème siècle Ă  nos jours, elle a crĂ©Ă© des oeuvres Ă©crites pour elle lors de festivals de musique contemporaine. Sa programmation est riche et variĂ©e : duos et trios avec piano, rĂ©citals avec chanteurs, accompagnement de chorale, musique ancienne, rĂ©citals et concertos… Fin 2013 on a pu l’entendre dans le concerto en sol de Ravel.

Felicien Brut AccordeonFELICIEN BRUT – accordĂ©on – NĂ© en 1986, FĂ©licien dĂ©couvre dès son plus jeune âge l’accordĂ©on grâce Ă  son oncle, accordĂ©oniste amateur. Très vite le jeune garçon rĂ©vèle une passion pour le piano Ă  bretelles et en 1994 il reçoit ses premiers cours d’un jeune professeur de la rĂ©gion, Pierre Garnier. Avec l’ouverture près de chez lui du Centre National et International de Musique et d’AccordĂ©on, FĂ©licien va faire deux rencontres dĂ©cisives : Jacques Mornet et Nathalie Boucheix. Ces deux pĂ©dagogues parviennent en quelques mois Ă  le hisser au plus haut niveau.

Très vite, il participe Ă  quelques concours nationaux comme la première Ă©dition du trophĂ©e Alain Musichini, le Grand Prix de Montrond les Bains ou le TrophĂ©e de la ville du Teit. Dès 2001, il est sĂ©lectionnĂ© pour reprĂ©senter la France au sein des grands concours internationaux. En 2007, il rĂ©alise un triplĂ© historique en remportant successivement le Concours International de Klingenthal en Allemagne, celui de Castelfidardo en Italie et le TrophĂ©e Mondial d’AccordĂ©on en Russie. C’est ainsi qu’il est devenu une des valeurs sĂ»res de la jeune gĂ©nĂ©ration d’accordĂ©onistes.

FĂ©licien Brut est restĂ© très attachĂ© au bal. Il est Ă  l’affiche chaque annĂ©e de nombreux galas et devient en 2005 l’accordĂ©oniste du fameux orchestre « Les Copains », dirigĂ© par Jacques Plaforet. En 2007, il prend la dĂ©cision de crĂ©er sa propre formation, l’orchestre « FĂ©licien Brut – Le Trio » qui s’Ă©largit en 2012 avec six Ă©lĂ©ments sur scène (accordĂ©on, clavier, batterie, trompette, saxophone, trombone) pour devenir l’orchestre « FĂ©licien Brut – Grande Formation ». Cette mĂŞme annĂ©e il crĂ©e un ensemble de musique de chambre : le Trio Piazzango. Avec Anne-Laure Montagne (piano) et Jean Brisso (violon) il revisite le rĂ©pertoire et rend hommage au maĂ®tre absolu du tango Astor Piazzolla.

DiplĂ´mĂ© d’Etat, passionnĂ© par la pĂ©dagogie, il enseigne l’accordĂ©on de 2009 Ă  2012 au sein du Conservatoire de Libourne (33). En janvier 2013, il devient professeur au sein du Conservatoire DĂ©partemental de Musique, de Danse et d’Art Dramatique de Châteauroux (36).

Catherine Manandaza Soprano CATHERINE MANANDAZA – soprano – D’origine malgache, Catherine Manandaza se produit sur les scènes françaises et internationales dans un rĂ©pertoire Ă©clectique. A l’OpĂ©ra du Rhin, elle chante l’un des principaux rĂ´les fĂ©minins (Contessa Giacinta) dans Il Mercato di Malmantile de Cimarosa, avec C. Rousset et les Talents Lyriques. Elle est invitĂ©e pour la rĂ©ouverture de l’OpĂ©ra d’Alger oĂą elle interprète les hĂ©roĂŻnes mozartiennes comme Fiordilgi, Donna Anna ou la Contessa des Noces de Figaro, sous la direction de A. Kouider. Elle reprendra ce dernier rĂ´le Ă  l’OpĂ©ra de Damas sous la direction de J. Kalmar. La ville de Xia Men en Chine l’a conviĂ©e Ă  donner un grand rĂ©cital lyrique avec l’orchestre symphonique du mĂŞme nom.

SollicitĂ©e par Jean-François Zygel, elle interprète Les Poèmes pour Mi d’Olivier Messian au Théâtre du Châtelet Ă  Paris. Sa voix est aussi idĂ©ale pour servir des compositeurs comme Verdi et Puccini. Elle a incarnĂ© LĂ©onore dans le Trouvère sous la baguette de M. Lebel Ă  la Salle Gaveau, Tosca qu’elle a chantĂ©e souvent, notamment Ă  la Salle des 3000 Ă  Lyon avec P. Fournier, la Traviata au Palais de l’UNESCO Ă  Paris.

Elle affectionne aussi la musique sacrĂ©e qu’elle chante rĂ©gulièrement dans les grandes Ă©glises parisiennes et dans toute la France : le Requiem de Verdi (Notre-Dame et La Madeleine) avec les chefs S. Cardon (Festival d’art sacrĂ© de Lourdes) et Y. Parmentier (CathĂ©drale du Mans), le Stabat mater de Dvorak, sous la direction de T. PĂ©lycan au Théâtre ImpĂ©rial de Compiègne.

Catherine Manandaza donne régulièrement des récitals à Paris avec son partenaire le pianiste P. Alègre. Parmi ces prochains engagements, on peut citer les Quatre derniers lieder de Richard Strauss et Aïda de Verdi.

Catherine Cardin MezzoCATHERINE CARDIN – mezzo – Professeur d’Art Lyrique au Conservatoire de Courbevoie, elle est aussi pianiste et professeur d’Education Musicale. EncouragĂ©e dans le travail du chant par Arthur Oldham, chef du Choeur de l’Orchestre de Paris, elle devient l’Ă©lève de Maria Gracia Dilluvio, puis de Marguerite Pifteau, avant de se perfectionner auprès de Gabriel Bacquier, AndrĂ©a Guiot, RĂ©gine Crespin…

Elle dĂ©bute sa carrière de soliste avec l’oratorio dans le cadre des grands concerts parisiens, se distinguant dans tous les rĂ©pertoires, de Carissimi Ă  Messiaen, et donne de remarquables interprĂ©tations du Requiem de Verdi, saluĂ©es par la critique Ă  Cannes. Elle incarne Ă©galement OrphĂ©e, Dalila et on a pu l’applaudir dans les Dialogues des CarmĂ©lites de Francis Poulenc, avec l’Orchestre National d’Ile de France, ainsi que dans La Vida Breve de Manuel de Falla, et plus rĂ©cemment dans Hansel et Gretel de Humperdinck. Elle s’illustre par ailleurs rĂ©gulièrement dans des rĂ©citals et a participĂ© aux Ă©missions d’Eve Ruggieri « Musiques au coeur » ainsi qu’à celle de Jean-Michel Damian sur France Musique consacrĂ©es toutes deux Ă  Manuel Rosenthal. Elle enseigne Ă©galement la technique vocale pour la MaĂ®trise d’Antony et pour le choeur d’enfants « Sotto Voce » dirigĂ© par Scott Alan Prouty et organise des stages et des master class pour les plus grands.

Pour le disque, elle a enregistrĂ© notamment les Requiem de Verdi, Mozart et DuruflĂ©, Les litanies Ă  la Vierge de Monteverdi, et en crĂ©ation mondiale, le Requiem d’Ignaz Pleyel…

Patrick Garayt Tenor PATRICK GARAYT – tĂ©nor – Après des Ă©tudes de piano au Conservatoire de la ville de Valence, Patrick Garayt travaille sa voix dès l’âge de 18 ans. Commence alors pour ce jeune artiste une brillante carrière qui, menĂ©e avec intelligence et patience, le conduira Ă  chanter dans toute l’Europe, allant mĂŞme jusqu’en Ukraine ou au Paraguay et dernièrement Ă  Vilnius (Lituanie) oĂą il interprĂ©ta le rĂ´le de Tamino de La FlĂ»te EnchantĂ©e de Mozart sous la baguette de G. Rinckvicius. Citons sa participation au Festival de la Chaise-Dieu dans la Passion selon Saint Matthieu de Bach avec l’Orchestre d’Auvergne sous la direction d’Arie van Beek, David Penittente de Mozart au Festival d’Automne de Prague, avec l’Orchestre de Chambre de Salzbourg ainsi que le rĂ´le-titre de la Damnation de Faust de Berlioz Ă  Ekaterinbourg en Russie sous la direction de Dmitry Liis (Conductor of the Ural Philarmonic Orchestra). Il a participĂ© aux 19èmes Victoires de la Musique sous la direction de Yoel Levi et l’Orchestre National d’Ile de France.

En mai 2012, il a chanté sous la direction de Andreas Meisner et le New Philharmonie de Westfalen La Terre Promise de J. Massenet. Il vient d’interpréter à Paris sous la direction Amine Kouider à l’UNESCO le rôle de Turridu de la Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni et à Lyon sous la direction de Philippe Fournier le rôle de Cavaradossi de la Tosca de Giacomo Puccini. Il se produit régulièrement en récital : Victoria Hall de Genève, Grange au lac d’Evian, Opéra de Vichy, de Vienne et Salzbourg sont ses derniers lieux de concert.

Se produisant dans un répertoire exceptionnellement large, Patrick Garayt est l’un des ténors les plus appréciés pour ses qualités musicales et pour sa voix, tout à la fois chaude, agile, souple et puissante. Avec plus de mille cinq cents concerts à son actif, il est difficile de rendre compte d’une carrière déjà si foisonnante. Il a enregistré une cinquantaine de CD dont Le Ciel a visité la Terre, Les plus Beaux Airs de l’Opéra Français, « le ténor dans tous ses éclats ». Et dernièrement des Mélodies Napolitaines Per la mia dolce fata, sous la direction de Michel Piquemal, Orchestre Pasdeloup et le choeur Régional d’Ile de France la messe de Caillebotte et La tête dans les étoiles A la découverte des Ave Maria.

Patrick Villet BarythonPATRICK VILET – baryton – Ses Ă©tudes Ă  peine terminĂ©es, dès l’âge de 21 ans, la carrière de soliste de Patrick Vilet se dĂ©veloppe rapidement en France et Ă  l’Ă©tranger, dans les théâtres les plus renommĂ©s : OpĂ©ra de Paris (Offenbach et Messager), Festival d’Aix en Provence (SĂ©miramis avec Montserrat Caballe et Marylin Horn), Salle Pleyel, Maison de Radio France, Théâtre des Champs ElysĂ©es (dans le cadre des Ă©missions Prestige de la Musique de Jean Fontaine). Il chante sous la baguette de chefs prestigieux tels Nello Santi, Manuel Rosenthal, Silvio Varsivo, Charles Duthoit, Eliahu Inbal, Pablo Olmi… Au Théâtre du Châtelet, il chante, entre autres, les Contes d’Hoffmann (A. Arias), Carmen (Escamillo), puis est invitĂ© Ă  Moscou oĂą il chante Zurga des PĂŞcheurs de perles au Théâtre BolchoĂŻ.

A l’OpĂ©ra de Nancy, il obtient un vif succès dans RomĂ©o et Juliette (Mercutio) puis dans LakmĂ© pour son interprĂ©tation de Nilakantha aux cĂ´tĂ©s de Natalie Dessay, et Ă  Paris, Salle Pleyel un très remarquĂ© Carmina Burana avec Elisabeth Vidal. L’OpĂ©ra de Bonn l’invite pour PellĂ©as et MĂ©lisande et L’Enfance du Christ de Berlioz. A l’OpĂ©ra Royal de Wallonie aux cĂ´tĂ©s de JosĂ© van Dam, il chante L’Homme de la Mancha (spectacle transmis sur Arte) et tourne le film Les Leçons de TĂ©nèbres de Marcel Landowski pour France 3 et Arte.

Après 33 ans de bons et loyaux services, son appĂ©tence pour l’enseignement et un dĂ©sir de vie familiale plus posĂ©e le poussent Ă  reconsidĂ©rer son parcours. Profitant de son expĂ©rience sur nombre de grandes scènes lyriques aux cĂ´tĂ©s d’artistes internationaux reconnus et ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’enseignement des plus illustres maĂ®tres de chant, il dĂ©cide Ă  son tour de transmettre avec passion – et Ă  plein temps dĂ©sormais – ce qui lui a Ă©tĂ© donnĂ©.


Propos recueillis auprès des artistes…

Un entretien avec Sabrina Barthe

Sabrina Barthe_2Propos recueillis par B.Dumoulin

Sabrina, que penses-tu de cette « Petite Messe » ?
SB – Cette « Petite Messe » n’est en rien
« petite », ne serait-ce par sa durée et son
inventivité. Rossini explore des styles variés ; il
a des idées incroyables. On navigue chez Bach,
Mozart, dans le « jazz » avant l’heure en passant
par la Renaissance et bien sĂ»r, avant l’heure,
tout chez le malicieux Rossini, avec son
humour, son Ă©nergie. J’ai dĂ©couvert l’oeuvre en
la travaillant Ă  l’occasion de ce concert…. je ne
l’avais jamais Ă©coutĂ©e.
Que t’inspire l’Ă©criture pianistique de Rossini dans
cette oeuvre (oĂą le piano occupe une place
essentielle)?
SB – CĂ´tĂ© pianistique, cela m’a tout d’abord
semblĂ© injouable ! Puis très difficile. L’oeuvre
étant une série de marches harmoniques, on
se retrouve dans des tonalités dont la lecture
est ardue, du moins pour moi ! Mais comme
dans toutes les pièces piano/chant, le texte
guide le jeu, hormis le magnifique « prélude
religieux », pièce solo et apaisante après les
deux longues fugues fougueuses.
Quels sont tes prochains projets professionnels ?
SB – Mes projets pour l’annĂ©e Ă  venir sont
variés : quatuor baroque, récital de piano,
récitals de chant avec Patrick Garayt. Re-la
 » Petite Messe « , deux fois un concerto, et les
« Carmina Burana ». C’est bien rempli jusqu’ en
2015 !

Un entretien avec Félicien Brut, accordéoniste de Gilles Péronne

Felicien Brut_2Bonjour FĂ©licien,
Etonnés par ta personnalité et admiratifs
de ton talent qui nous a fait découvrir,
pour beaucoup d’entre nous, un aspect
original de l’accordĂ©on, vĂ©ritable
substitut de l’harmonium, plein de
sensibilité, de finesse et de nuances, donc
nous avons voulu en savoir plus sur ton
personnage.
Alors, qui es-tu FĂ©licien et d’oĂą viens-tu ?
FB – Je viens de Saint Sauves d’Auvergne, je suis un vĂ©ritable
auvergnat ; j’ai grandi ici, fais mes Ă©tudes Ă  Clermont-Ferrand.
J’ai commencĂ© l’accordĂ©on dès l’âge de six ans, avec un professeur
particulier puis Ă  l’Ă©cole de Larodde, spĂ©cialisĂ©e dans l’enseignement
de l’accordĂ©on.
Pourquoi l’accordĂ©on ?
FB – J’ai eu envie d’en jouer très tĂ´t, Ă  deux ans, car j’avais un oncle qui
jouait un peu d’accordĂ©on, en amateur, et accompagnait les petits
bals musette ; et puis, mes parents qui aimaient beaucoup danser,
m’emmenaient toujours avec eux au bal…. donc au dĂ©part, j’ai fait de
l’accordĂ©on pour faire du musette.
A quel moment as-tu dĂ©cidĂ© d’en devenir musicien professionnel ?
FB – J’ai hĂ©sitĂ© longtemps Ă  en faire mon mĂ©tier… J’ai d’abord passĂ©
mon Bac S Ă  Chamalières; j’ai fait une annĂ©e de mĂ©decine, une licence
de physique-chimie et finalement j’ai dĂ©cidĂ© d’en faire mon mĂ©tier…..
j’ai gagnĂ© plusieurs concours internationaux… je suis entrĂ© au
conservatoire de Gennevilliers oĂą j’ai passĂ© mon DEM ; ensuite
souhaitant, m’orienter vers l’enseignement, j’ai passĂ© le concours et
fait deux ans Ă  Bordeaux oĂą j’ai passĂ© mon DiplĂ´me d’Ă©tat. J’ai
enseignĂ© deux ans Ă  Libourne et, depuis 2013, j’enseigne au
conservatoire de Châteauroux.

Et que devient l’interprète accordĂ©oniste ?
FB – J’en fais moins qu’avant… mais, je joue toujours du
musette, je fais des galas ; j’ai un trio de tango argentin avec
violon et piano, un orchestre… Je fais Ă©galement des
concerts en soliste, et là, cette « Petite Messe » arrive,
intĂ©ressante… car on n’a pas souvent l’occasion d’aborder
ce genre de rĂ©pertoire Ă  l’accordĂ©on.
Et alors, comment as-tu vécu et ressenti cette expérience ?
FB – MalgrĂ© des contraintes techniques plus difficiles qui
rendent l’exercice compliquĂ©, l’intĂ©rĂŞt de l’accordĂ©on rĂ©side
dans le fait que l’on peut varier beaucoup plus le niveau
sonore et les nuances. C’est pour moi une super expĂ©rience
que l’on a rarement l’occasion de vivre surtout avec un
choeur et un chef comme Pablo.
On voit que les choristes sont très habitués à être dirigés,
qu’ils connaissent leur chef par coeur, mais c’est pour moi
un exercice très compliqué ! il me faut un temps
d’adaptation.
Vous avez un chef passionnant et passionné. Ses exigences
sont d’une telle justesse ; il tire le maximum de chacun ; il
est passionnant et j’ai adorĂ© ses rĂ©pĂ©titions. Quand il vous
fait travailler, je suis surpris par la qualité du travail
effectuĂ©, digne d’un travail pro…
Je trouve que c’est formidable car finalement c’est lĂ  que la
musique prend tout son sens. Il ne faut pas laisser croire aux
gens que la musique est quelque chose de facile.
Cette « Petite Messe », elle est drôle, originale, mélange
d’opĂ©ra, de rythmes orientaux, mĂ©lange de couleurs, on a
l’impression que Rossini a voulu mettre dedans tout ce qu’il
aimait bien, tout ce qu’il avait fait dans la vie, se faire plaisir.
Finalement, peu importe que ce soit une messe ou autre
chose, c’est très chouette !!!


La Montagne en a parlĂ©…

La Montagne - Petite messe Solennelle