Wagner – Tannhauser

Wilhelm Richard Wagner (aussi Richard Geyer) : l’homme et l’artiste sur lequel on a le plus écrit au monde. L’homme et l’artiste aux multiples facettes, paradoxal et controversé, révolutionnaire en 1848-49 et bourgeois à la cour de Ludwig II en 1864. L’homme et l’artiste le plus adulé et le plus détesté au monde. L’homme et l’artiste qui a exalté dans son oeuvre les sentiments les plus élevés et, dans sa vie, a défendu des idées ignobles comme celle de l’antisémitisme. L’homme et l’artiste le plus utilisé pour les fins les plus nobles comme les plus haineuses et criminelles.
Il a révolutionné l’art depuis la seconde moitié du XIXème siècle à travers sa recherche du «Gesamtkunstwerk» (l’oeuvre d’art total) qui a déployé son influence sur toute l’Europe, dans tous les domaines artistiques.
Il a inspiré de nombreux mouvements : impressionnisme, symbolisme, il a ouvert la voie à la musique atonale, et a inspiré des artistes aussi différents qu’ Emmanuel Chabrier, Richard Strauss, Claude Debussy, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Marcel Proust, André Suarès, Henri Fantin-Latour, Odilon Redon, Vassily Kandinski…
Il est le créateur d’une nouvelle forme de drame musical, en opposition à l’opéra traditionnel. Wagner est une face de la médaille qui s’oppose à l’autre grande figure du XIXème siècle, Verdi, né la même année, à qui le second concert de ce festival sera consacré avec des airs de ses opéras.
Pour ceux qui ont toujours le stéréotype du Wagner de la «chevauchée des Walkyries», je voudrais proposer une nouvelle perspective, celle d’un Wagner beaucoup plus romantique, plus subtil, plus inspiré par le frémissement de la nature, plus poète, dans l’intimité des sentiments, tels que la sensualité, la tendresse, la nostalgie et la mélancolie.
Une redécouverte pour échapper à un Wagner de marbre trop facilement associé à des élans de guerre et de destruction.

Pablo Pavon

 

Le programme « Wagner » a donnĂ© lieu a plusieurs concerts et confĂ©rences dans le cadre des Meltiques 2013, et Tannhauser, production du Centre Lyrique, a Ă©tĂ© donnĂ© Ă  l’OpĂ©ra de clermont-Ferrand


Tannhauser a été joué le SAMEDI 30 NOVEMBRE – 19 h

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OPERA-THEATRE DE CLERMONT-FERRAND
Production du Centre Lyrique Clermont-Auvergne

Centre-Lyrique-Clermont

Richard WAGNER
Tannhäuser (Paris 1861)

Opéra en version concert
Choeurs Musica Mediante et Prélude

TANNHĂ„USER de WAGNER

Cette version parisienne de Tannhäuser en français, après plusieurs tentatives infructueuses, fût finalement confiée à Charles Truiner, connu comme auteur de vaudevilles sous le pseudonyme de Charles Nuitter.
Le texte tĂ©moigne d’un travail très minutieux. La traduction se fait souvent au dĂ©triment des subtilitĂ©s littĂ©raires pour respecter la partition originelle, et en mĂŞme temps, Wagner a Ă©tĂ© amenĂ© parfois Ă  modifier le rythme ou la ligne mĂ©lodique pour s’adapter au nouveau texte.
Wagner a rajoutĂ© un ballet, dans la pure tradition de l’opĂ©ra français, mais sans s’y plier vĂ©ritablement, puisque il l’a placĂ© au premier acte au lieu du deuxième comme c’Ă©tait l’habitude.
Sa prĂ©sentation en 1861, a provoquĂ© un scandale et l’oeuvre a Ă©tĂ© retirĂ©e de l’affiche après seulement trois reprĂ©sentations.

Richard WagnerRICHARD WAGNER (1813 – 1883) – Richard Wagner a grandi dans une famille qui pratiquait des activitĂ©s artistiques. Très tĂ´t passionnĂ© de poĂ©sie (Homère, Shakespeare, Dante, Goethe), il s’intĂ©resse tout autant Ă  la musique, si bien qu’en 1831, entrĂ© Ă  l’universitĂ© de Leipzig, il travaille l’harmonie et le contrepoint avec le Cantor de St Thomas.
Dès 1832, à 19 ans il compose une Symphonie en ut majeur puis, en 1833, son premier opéra, Les Fées, oeuvres sans grande originalité et marquées par l’influence notable de Weber, Beethoven et Meyerbeer. Il devient directeur musical d’opéra, se marie en 1836 avec Minna une actrice, pour une union qui durera 30 ans, mais sera un échec malheureux, sur le plan affectif mais aussi matériel avec de lourdes dettes qui amèneront les Wagner à fuir leurs créanciers jusqu’à Londres et Paris.
Cependant, il retourne en Allemagne en 1842 et fait jouer Ă  Dresde son opĂ©ra Rienzi qui rencontre un accueil très favorable. Aussi pendant plusieurs annĂ©es, Wagner exerce la fonction de chef d’orchestre et compose alors ses premiers chefs-d’oeuvre : Le Vaisseau fantĂ´me, Tannhäuser et Lohengrin.
Parallèlement, Wagner s’engage dans les milieux anarchistes de Dresde qui rĂ©clament davantage de libertĂ©s ainsi que l’unification de la nation allemande. En mai 1849, une insurrection Ă©clate et Wagner y participe. Cette rĂ©volution est toutefois rapidement Ă©crasĂ©e, et le musicien rĂ©ussit Ă  fuir, d’abord Ă  Paris, puis Ă  Zurich.
Wagner se consacre alors Ă  la fois Ă  des essais thĂ©oriques (dont l’Art et la RĂ©volution, l’OEuvre d’art de l’avenir) et Ă  la mise au point du projet de la TĂ©tralogie, mais commence aussi Tristan et Isolde, transposition de la passion nouvelle que lui inspire la poĂ©tesse Mathilde Wesendonck. En mĂŞme temps, Wagner dĂ©couvre la philosophie pessimiste et d’inspiration bouddhique de Schopenhauer, qui voit dans la musique le seul salut possible pour l’être humain.
Il revient Ă  Paris en 1859, pour faire connaĂ®tre et apprĂ©cier les innovations musicales et dramatiques qu’apporte son oeuvre en faisant jouer Tannhäuser Ă  l’OpĂ©ra, en mars 1861 ; mais les reprĂ©sentations, perturbĂ©es par une partie du public, sont arrĂŞtĂ©es au bout de trois jours. Il s’en va pour donner des concerts Ă  travers l’Europe.
C’est alors qu’il est invitĂ© Ă  Munich par le roi Louis II de Bavière qui veut devenir son mĂ©cène. Il règle ses dettes et fait monter son nouvel opĂ©ra, Tristan et Isolde, en 1865 avec un succès retentissant. Les MaĂ®tres Chanteurs de Nuremberg sont prĂ©sentĂ©s Ă  Munich en 1868. Cosima, l’Ă©pouse du chef d’orchestre Hans von BĂĽlow – et fille de Liszt – dont il est Ă©pris, convainc finalement son mari de divorcer. En 1870, elle Ă©pouse Wagner, veuf depuis quatre ans qui, quelques mois plus tard, compose pour elle Siegfried-Idyll. Entre-temps sont crĂ©Ă©s l’Or du Rhin (1869) et la Walkyrie (1870).
En 1871, Wagner choisit la petite ville de Bayreuth pour faire construire, avec l’aide financière de Louis II, le théâtre dont il rĂŞve pour fonder un festival dĂ©diĂ© Ă  son oeuvre. Il l’inaugure en 1876. Il y crĂ©e, cette mĂŞme annĂ©e, pour son 1er Festival, le cycle complet de la TĂ©tralogie, puis en 1882 Parsifal. C’est l’apothĂ©ose finale.
Wagner n’est pas un simple compositeur. C’est aussi un poète, un penseur, un thĂ©oricien. Il est le premier auteur d’opĂ©ras qui Ă©crive lui-mĂŞme ses livrets. Il veut transformer l’opĂ©ra considĂ©rĂ© alors comme un simple divertissement. Il casse ses codes traditionnels (succession d’arias, rĂ©citatifs…), pour en faire une oeuvre d’art totale Ă  la fois musicale, plastique, poĂ©tique, chorĂ©graphique, le lieu d’une initiation sacrĂ©e, par laquelle l’artiste s’Ă©rige en guide spirituel. L’orchestre ne se limite pas Ă  l’accompagnement des chanteurs, mais prend une ampleur nouvelle parallèle Ă  l’action des personnages. Comme musicien d’avant-garde, il enrichit tant l’harmonie par une pratique nouvelle des dissonances et de la tonalitĂ©, que la mĂ©lodie par les «Leitmotive», thèmes qui caractĂ©risent chaque personnage et Ă©voluent avec lui.
Son gĂ©nie a choquĂ© nombre de ses contemporains. Sa personnalitĂ© est ambiguĂ« : rĂ©volutionnaire anarchiste, mais confident et ami d’un roi, assez antisĂ©mite pour ĂŞtre rĂ©cupĂ©rĂ© par les nazis, mais ami de musiciens juifs. Pourtant son influence s’Ă©tendra de Bruckner et Mahler Ă  Debussy et Schoenberg, jusqu’à faire aujourd’hui de lui un grand classique.
Bernard Dumoulin

Wagner-facettes


 

Les autres concerts

 

Concert de clôture : Dimanche 8 décembre 2013

MAISON DE LA CULTURE – SALLE JEAN COCTEAU
CONCERT DE CLÔTURE
« L’Esprit d’Amour »
Richard Wagner
Siegfried-Idyll
Wesendonck Lieder
Ludwig van Beethoven
Symphonie n° 7
Camille Saint-Saëns
Introduction et Rondo Capricioso

Catherine Cardin, mezzo-soprano
Hiroé Namba, violon
Josepha Jeunet, récitante
Orchestre Musica Mediante

Pablo Pavon, direction musicale

SIEGFRIED-IDYLL de WAGNER – Ce poème symphonique pour petit orchestre composĂ© en 1870, est basĂ© sur des motifs musicaux issus de l’opĂ©ra Siegfried auquel travaille alors Richard Wagner. Siegfried est aussi le prĂ©nom du fils dont il veut cĂ©lĂ©brer la naissance rĂ©cente, tout en rendant hommage Ă  sa seconde Ă©pouse Cosima, la fille de Liszt, Ă  qui cette oeuvre est dĂ©diĂ©e, et qui Ă©crira plus tard : « Siegfried-Idyll est, selon Richard, la seule pièce de circonstance qu’il ait rĂ©ussie ». En tout cas, elle exprime Ă  merveille le bonheur familial et intime que connaĂ®t alors l’auteur.
WESENDONCK LIEDER de WAGNER – Les Wesendonck Lieder sont un cycle de lieder composĂ©s par Richard Wagner au moment oĂą il commençait La Walkyrie en 1857-1858. Cette oeuvre, ainsi que Siegfried-Idyll, sont ses seules compositions hors opĂ©ra encore rĂ©gulièrement jouĂ©es. Le cycle est Ă©crit sur des poèmes mĂ©lancoliques de Mathilde Wesendonck, l’Ă©pouse de l’un des mĂ©cènes de Wagner, dont il Ă©tait alors très amoureux. Le style musical intense de Tristan et Yseult se fait sentir dans les cinq lieder et assure l’unitĂ© du cycle.
SYMPHONIE N° 7 de BEETHOVEN – Cette symphonie en la majeur a Ă©tĂ© composĂ©e parallèlement Ă  la Symphonie n° 8 entre 1811 et 1812, annĂ©es qui voient le compositeur atteindre sans doute l’apogĂ©e de sa vie crĂ©atrice et de sa maturitĂ© artistique, malgrĂ© ses Ă©checs sur le plan sentimental. Elle exprime certes la dĂ©solation douloureuse, dans le 2ème mouvement qui est semblable Ă  une marche funèbre, mais surtout l’enthousiasme et l’énergie magnifiĂ©s, dans le dernier mouvement, par son rythme haletant, qui faisait dire Ă  Wagner que cette symphonie Ă©tait
«l’apothéose de la danse».
INTRODUCTION ET RONDO CAPRICIOSO de SAINT-SAENS – En 1859, le prodige du violon Pablo de Sarasate, âgĂ© de 15 ans, avait demandĂ© Ă  Saint-SaĂ«ns de lui composer un concerto pour violon. Quatre ans plus tard, il compose aussi pour Sarasate une autre oeuvre pour violon seul et orchestre, cette Introduction et Rondo Capricioso, qui exprime en mĂŞme temps la passion de Saint-SaĂ«ns pour la musique espagnole. Mais il y rĂ©vèle aussi sa connaissance intime de la technique du violon, capable d’exprimer au plus haut point aussi bien la mĂ©lancolie que la joie la plus intense.

Concert le MARDI 3 DECEMBRE – 20 h 30

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MAISON DE L’ELEPHANT – rue KlĂ©ber – MONTFERRAND
« Wagner et ses contemporains »
Verdi bicentenaire, soirĂ©e hommage : airs d’opĂ©ra
1ère Partie
« Tutto parea sorridere » extrait du Corsaire
« De’ miei bollenti spiriti » extrait de Traviata
« A la Paterna mano » extrait de Macbeth
« In gemisco » extrait du Requiem
« Celeste Aïda » extrait d’Aïda
2ème Partie
« La mia letizia infondere » extrait des Lombardi
« Oh tu che in seno agli » extrait de La Forza del destino
« Quando le sere al placido » extrait de Luisa Miller
« Questa quella » extrait de Rigoletto
« La Dona mobile » extrait de Rigoletto
Patrick Garayt, ténor
Sabrina Barthe, piano